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23 novembre 2016

Maya Ramassamy, Restaurant le Comptoir du potager

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Au Comptoir Du Potager: 8 bis rue La bourdonnais -974OO Saint Denis Réunion – tel: 0692 85 59 31
Après une enfance entre la France, et la Réunion, des études et un 1er parcours professionnel dans la communication, Maya s’est tournée vers la restauration: à la tête du restaurant « Le comptoir du potager » à St Denis, ses journées intenses, variées et gratifiantes la confortent dans son choix. Son organisation à toute épreuve lui permet de trouver encore le temps et l’énergie pour être présente auprès de sa famille et s’engager dans différents réseaux professionnels.
Peux-tu te présenter: Je m’appelle Maya Ramassamy, j’habite St Denis de la Réunion. J’ai créé le  Comptoir du Potager, il y a  3 ans.
Quel est ton Parcours?
Un parcours assez complet dans la communication
Mes parents ont pas mal bougé entre la Réunion et la métropole: je suis née en France, en Eure Et Loire, à Nogent le Rotrou; puis j’ai habité 8 ans la Réunion, à la Possession, et à 1O ans, j’ai habité Paris 2 ans, puis 4 ans dans le sud dans le France Antibes, ensuite retour sur PAris, où j’ai fait 1ere, terminale puis j’ai une maitrise Info Comm que j’ai faite entièrement à Paris;
Puis retour à la Réunion en 1997 avec le père de ma fille. J’ai travaillé 2 ans pour la mairie de St Denis au service communication au cabinet du maire: hyper intéressant. 4 ans à la SODIPARC la Société d’Economie Mixte qui gère les transports publics sur Ste Marie, St Denis et Ste Suzanne. C’est une sacrée problématique le transport public a la Réunion… Pour la CINOR, j’ai fait de la communication pure, du marketing commercial: très intéressant aussi. Ensuite on m’a proposé de travailler dans une agence de communication, METIS : je passais du côté privé, mais avec beaucoup de clients publics, donc il y avait un lien. J’y ai passé 7 ans; et ensuite, « ras le bol »: avec la comm’ on est entre le marteau et l’enclume, entre le client et les gérants de la société.
Une reconversion et des rencontres
J’ai pu partir en bénéficiant d’un CIF, avec un salaire et formation; j’ai passé le titre professionnel de cuisine, dans le but de changer d’orientation; au départ c’était pour être en cuisine, mais j’ai vite changé d’avis, car gérer un restaurant était déjà un très gros projet. J’ai visité des locaux vides, des restaurants à reprendre, et j’ai ouvert le Comptoir du potager version n°1, au bas de la Rivière, sur le conseil des Pâtissières, installées dans le quartier. Nous avons passé le même titre de cuisine à l’AFPAR en 2O12. Christine habite à la Montagne comme moi. On s’est rencontrées plusieurs fois en se disant « on est dans la même démarche». Comme elles étaient deux et moi seule, c’était sympa d’échanger sur nos réalités ensemble, de monter nos projets en même temps. Quand elles se sont installées, elles m’ont dit :  « nous, on nous demande du salé, le local d’à côté est vide, peut-être que tu pourrais t’installer …  » On n’était pas loin du centre ville, il y avait une cuisine complètement ouverte. L’intérêt, c’était une transparence avec la cuisine, mais l’inconvénient: les gens se plaignaient des odeurs de cuisine. Et rapidement, la capacité de 22 est devenue trop petite, on refusait du monde tout le temps. Donc j’ai trouvé une autre maison où installer la 2ème version, que j’ai trouvée grâce au Centre des Jeunes Dirigeants, dont un membre, qui est le président aujourd’hui, est agent immobilier. Le restaurant a eu 3 ans en mai dernier.
Quels sont tes succès et tes satisfactions?
Une véritable indépendance
On rentre vraiment dans un autre monde, et tant que tu ne l’as pas vécu, tu ne te rends pas compte de toutes les réalités de l’activité. Parceque pour moi, c’était juste monter un restaurant, mais en fait c’est beaucoup plus que ça, et tu ne peux pas l’imaginer tant que tu ne l’as pas fait. Passer de l’autre côté de la barrière, ça change tout. On se disait en rigolant avec les Pâtissières, que l’on ne supporte plus d’entendre les salariés se plaindre, parce que l’on passe dans une espèce de … 4ème dimension: qu’on ne connaissait pas. On a vraiment l’impression d’être dans une autre réalité. Et ça, c’est dans les satisfactions et les contraintes!! Mais plutôt dans les satisfactions, car l’intérêt, c’est d’être libre: je n’ai pas compté mes heures, car je pense que ça ne me ferait peur. Mais on est vraiment maitre de son emploi du temps, et c’est ce que j’apprécie le plus. Je pense que je ne pourrais plus être salariée, avoir des contraintes d’horaires. C’est vraiment un moteur pour moi aujourd’hui, de pouvoir me dire que je gère comme je veux, de me dire: « si ca ne marche pas, c’est de ma faute, si ça marche, c’est grâce à moi ». J’aurais du mal à revenir là-dessus, c’est positif pour moi. Il faut aussi savoir s’entourer.
Des résultats qui récompensent des efforts fournis
Ca marche bien, aussi, donc c’est plus facile. Monter une boite qui ne marche pas, je pense que c’est plus compliqué. Ca a assez bien fonctionné rapidement. J’ai eu une succession de bons chefs en cuisine, donc ça y fait beaucoup.
Le retour des clients est positif. On a souvent des services complets. Bon, quand il y a des services plus calmes, je suis un peu angoissée, ça remet en cause plein de choses! Mais ça se rattrape sur d’autres services le lendemain ou la semaine d’après; donc globalement je comprends aussi que c’est l’âme de la restauration, ce n’est pas un métier stable, il y a des périodes, je découvre.
Un projet lié à une transmission familiale
Mon père était médecin généraliste, et cuisinier à ses heures, comme bon créole qu’il est! : A 5O ans, il en a eu ras de bol, il a monté en métropole un restaurant réunionnais. Et une amie m’a dit: « En fait tu fais comme ton père »,  et je n’avais pas réalisé. A ce moment, j’ai réalisé, je me suis dit,  mais oui: c’est quand même très drôle ! Et donc mon père est venu faire des travaux, dans cette maison, qui, par hasard, a appartenu à son cousin avant. Et je n’avais pas conscience de cette influence au moment de ma reconversion vers la cuisine: je suis un peu comme lui, à ne pas tenir en place, à vouloir monter des projets tout le temps. Je me dis donc que les chats ne font pas des chiens… J’ai beaucoup déménagé dans ma jeunesse, alors soit on rejette en bloc, soit on reproduit.
Quelles sont tes contraintes et tes difficultés? Est-ce compatible avec ta vie personnelle et familiale?
J’ai  l’impression d’avoir encore du temps: de faire beaucoup d’heures, mais c’est tellement gratifiant que ça vaut le coup. Et j’ai deux enfants, dont une grande en métropole qui est assez autonome. Je m’occupe de mon garçon de 9 ans, une semaine sur deux, quand il n’est pas chez son père. Et le fait que le restaurant fonctionne fait que l’on est un peu dans une routine. J’ai quand certaines journées, comme hier, vraiment très chargées, de 7h à 19h sans me poser une seconde. Mais globalement, je ne suis pas débordée. Quand tu as gouté l’entrepreneuriat, et que ça te convient, tu ne peux plus faire autrement. Il ne faut pas compter le nombre d’heures. Finalement, peu de difficultés me viennent à l’esprit!
Quels sont tes projets dans 5 ans?
Je pense que je serai sur un autre projet, je créerai autre activité, ici à la Réunion ou ailleurs, à Paris ou à l’étranger…
Quelle est la particularité de créer à la Réunion? Pour l’approvisionnement, c’est parfois compliqué, on est loin de tout; on ne peut pas faire beaucoup de bio, par exemple. Mais il y a une grande diversité de fruits et les légumes qui nous donnent des possibilités énormes pour des plats savoureux, équilibrés et colorés.
Ton message ou une question aux autres femmes créatives du monde:
Il faut savoir s’entourer des gens qui ont les compétences que l’on n’a pas, aller taper aux portes, échanger et s’entraider, c’est la clé!