ArtDuLien-Points-Jaunes
4 novembre 2016

Les Pâtissières – Saint Denis, la Réunion

« Beaucoup de femmes viennent par solidarité féminine et reviennent conquises par nos pâtisseries ! les hommes sont évidemment les bienvenus!»

Restaurant-salon de thé: 65 rue Jean Chatel – Cour Carré – Saint-Denis (La Réunion)
Atelier: 10 Rue du Pont, 97400, Saint Denis (La Réunion)
tel:0692 00 98 99 – mail : lespatissieres@gmail.com
adresse: facebook-les pâtissières
Peux-tu te présenter et ton activité?
Je suis Mamy et j’habite à St Denis de la Réunion. Je suis pâtissière et j’ai créé avec mon associée Christine  l’entreprise les Pâtissières en octobre 2012.
L’activité c’est de la pâtisserie fine française.  Notre devise c’est de mettre en valeur les produits réunionnais, notamment les fruits et les racines réunionnaises, avec les gâteaux patates par exemple. Mais toujours avec les techniques de pâtisserie fine.
Quel est ton parcours?
On a passé un CAP de pâtisserie. On ne voulait pas faire des gâteaux traditionnels. On voulait faire de la pâtisserie française comme à Paris dans la mesure du possible, avec une spécificité tropicale et réunionnaises.
J’ai travaillé longtemps en-dehors de la pâtisserie,  salariée d’un orchestre symphonique, à la billetterie.a l’époque je rêvais beaucoup avec certains collègues d’ouvrir un restaurant, ou en tout cas de travailler dans les métiers de bouche. Quand je suis arrivée à la Réunion il n’y avait pas d’orchestre symphonique donc la reconversion allait de soi: je me suis dirigée vers les métiers de bouche puisque c’était un rêve. Il n’y avait pas de place en restauration mais en pâtisserie, donc j’y suis allée. Et en fait j’ai adoré!  J’ai passé mon CAP en juin 2012 et ouvert mon entreprise trois mois après.
Quels sont tes succès et satisfactions?
D’avoir fait de ce rêve une réalité,  en quelque sorte; c’était vraiment un rêve prégnant puisque je suis gourmande et j’étais avec des collègues gourmands quand j’étais à Rennes en Bretagne. On rêvait : « un jour on aura un restaurant on fera ceci on fera cela!!  » et aujourd’hui je suis en plein dedans, d’autant plus qu’on a ouvert la boutique à la cour carrée à St Denis avec du salé qui ressemble vraiment à ce dont je rêvais avant.
La deuxième satisfaction c’est d’avoir eu une reconversion  réussie: j’ai eu mon CAP en 2012 donc j’avais 42 ans. On pourrait se dire qu’à 42 ans, ce n’est pas évident de prendre un nouveau départ.
Quelles sont les difficultés et les contraintes?
Ce qui est compliqué c’est le travail en décalé par rapport aux autres personnes.   Les gens ont besoin de gâteaux le weekend et les jours fériés. Mais ça on le savait en apprenant le métier.
Les difficultés et les contraintes, c’est aussi qu’on n’avait aucune expérience en pâtisserie ni en création d’entreprise et en management, Christine et moi. Donc on a dû tout apprendre sur le tas: de façon parfois… rocambolesque !  Donc les difficultés ont été aussi administratives, on ne sait pas toujours qu’on peut avoir des aides, on a dû chercher… il faut se débrouiller un peu tout seul.
C’est aussi la gestion du temps, les horaires décalées par rapport à la famille. Les enfants se plaignent qu’on n’est jamais là. C’est aussi d’ordre financier,  parce qu’au début on travaille pour rien. On travaille beaucoup, et pour rien. Et quand on a un mari salarié, ce n’est pas compréhensible (ndlr: rires). C’est très dur à comprendre pour les gens qu’on investit on investit on investit, on construit, et le fruit il arrive quelque temps après.  On est une entreprise artisanale, il faut passer beaucoup de temps à la production, et à la communication si on veut vendre: il faut passer énormément de temps à communiquer,  à chercher des clients.
Quelle question et /ou message tu aurais pour les autres femmes créatives:
La question c’est: si des personnes ont des recettes pour faire marcher la vie professionnelle et personnelle, je suis preneuse ;  parce que ça reste le plus gros problème pour une femme. En dehors des difficultés administratives qui restent communes à tous chefs d’entreprises, on reste maman, on reste conjointe, on reste maîtresse de maison; quand un homme créé une entreprise il a souvent sa femme qui gère la logistique de la famille derrière mais pour une femme ce n’est pas toujours le cas!
Et un message: je suis comme toi, je crois beaucoup à la créativité féminine: j’adhère,  j’appuie.  Donc il faut croire en ses rêves, c’est très très très dur de les réaliser, mais on n’a qu’une vie, il faut y aller, quand on a l’occasion ; et si on se plante, on se plante, mais on aura essayé.
Quelle est la particularité de créer à la Réunion?
Je suis venue à la Réunion pour me rapprocher de mon pays d’origine qui est Madagascar. Il y a tous ces fruits ces parus qui m’inspirent, la pâte douce,La patate douce, le lait de coco tous ces produits que j’ai connus dans mon enfance malgache.  Et c’était évident pour Christine et moi qu’il fallait utiliser des produits locaux,  parce qu’on habite ici et que le développement doit être local: d’une part pour se différencier des autres et d’autre part parce qu’il y a tellement de choses à faire avec les produits d’ici qui ne sont pas mis en valeur, que c’était une évidence.