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24 avril 2020

Carine Bidet, avec Racines de Femmes, propose une formation de qualité pour les couturières, une traçabilité des matières premières et la sensibilisation au travail manuel et local.

Engagée pour une mode éthique, et l’émancipation de la femme, Carine nous explique comment, avec son associée, elles travaillent au développement de leur marque Vera Chintz, en conjuguant développement économique, humain et écologique. Elles ont d’ailleurs rejoint l’association des Corsican Business Women dans cette dynamique.

Peux-tu te présenter, ton parcours et ton activité?

Co-fondatrice de la marque de vêtements féminins Vera Chintz, avec la SAS Racines de femmes, je souhaitais devenir modéliste mais au fil des rencontres mes pas m’ont dirigée vers l’ostéopathie. C’est aussi un métier que j’exerce par passion. J’ai refait de la couture pour mon plaisir et en 2009 l’idée de la marque, Vera Chintz, m’est venue. Je me suis associée avec Maria, une amie chirurgien dentiste en 2016.

notre vision de la femme émancipée, … et la liberté de mouvement

Vera Chinz représentait notre vision de la femme émancipée, inspirée des années folles de l’après-guerre: nous y exprimions les valeurs qui nous sont chères, de liberté de mouvement, liée à la danse. Nous avons même écrit un roman pour donner vie à ce personnage. Passionnées par notre concept, nous avions cependant un problème de communication. Depuis six mois, nous professionnalisons notre entreprise de façon plus viable et durable: au niveau artistique, entrepreneurial et écologique.

Professionnaliser les couturières, sensibiliser au recyclage

Avec Jérémie Bueno, styliste de talent en Corse, nous travaillons le positionnement artistique et l’organisation de la production. Avec le soutien de l’ADEME, nous consolidons notre filière « Recyclage » et la sensibilisation à la consommation responsable, en proposant des patrons à acheter et des ateliers de couture sur place. Racines de Femmes organise aussi des journées de Troc Textile, de sensibilisation aux différentes techniques de couture.

Nous avons notre atelier à Cargèse en milieu rural. Les matières premières, aujourd’hui, nous privilégions les matières recyclées et le Made in France.

Mais la main-d’œuvre qualifiée manque en Corse: deux couturières en micro-entrepreneures produisent la nouvelle collection. L’une étant d’Ajaccio, l’autre de Cargèse, nous les accompagnons à travailler à domicile car la problématique de la mobilité en milieu rural est réelle.

Une boutique ouvrira à Cargèse, partagée avec un autre espace multimarques. Nous avons aussi un point de vente à Ajaccio. Vera Chintz, c’est aussi une gamme de bijoux et accessoires, à base d’argent et pierres semi-précieuses, et des collaborations avec d’autres créateurs en projets.

La créativité … dans cette entreprise solidaire

Quelles satisfactions te donne « Racines de femmes » ? On se régale on fait des rencontres très différentes du milieu du soin. La créativité que nous exprimons dans cette entreprise solidaire nous nourrit.

Personnellement, je reste osthéopathe, la moitié de la semaine: je fais de l’éducation thérapeutique par des vidéos sur l’entretien physique, je fais comprendre aux patients leur état de santé. Identifier quels symptômes peuvent nous permettre d’anticiper la douleur. J’ai une fille de 10 ans qui s’initie à la couture et la création avec moi.

Quel impact la crise sanitaire et le confinement ont sur ton activité? On avait pu s’approvisionner en matières premières avant le confinement , donc nous pouvons continuer à produire et pousser la réflexion sur le développement de la marque.

A travers Les petites mains solidaires nous remarquons qu’il y’a un potentiel de main d’oeuvre important que nous n’arrivions pas à toucher jusque là, c’est une très belle perspective.

On devait ouvrir la boutique à Cargèse et l’e-shop en avril. La Corse dépendant de la saison touristique, le lancement de la boutique sera retardé: nous devrons nous adapter aux aléas.

Quelles réflexions cette période t’inspire-t-elle? Les couturières sont invisibles : des professionnelles qui font des retouches en ville, doivent faire des bas prix, car les gens ne comprennent pas le temps passé et le travail que cela représente. Dans nos ateliers, ils pratiquent et voient la technique nécessaire et le temps passé, qui justifient le prix du travail manuel.

Acheter à bas prix, c’est aussi ne pas respecter le travail fait en France. Le confinement nous pousse à revoir notre façon de consommer: on gagne en autonomie en se rapprochant des ressources locales. C’est ce que propose Racines de femmes, une formation de qualité pour les couturières, une traçabilité des matières premières et la connaissance des données humaines : comment et où nos produits sont fabriqués?

Un message aux autres femmes créative? Une priorité pour moi est d’arriver à transmettre ce message de consommation responsable et de valeur du travail manuel et local, notamment auprès des jeunes générations, qui sont les citoyens de demain.

Pour joindre Carine et Racines de Femmes: https://www.verachintz.com/