Kavitha est poète, peintre, professeure, auteure, et bien plus encore! Nous ne nous sommes pas rencontrées mais nous nous comprenons: j’ai découvert son art engagé au Loafer’s corner Café, à Cochin, dans le Kerala en Inde, par son exposition avec le Collectif JigsawArtists. Son amie Hilary m’a présenté le travail et a également répondu à mes questions. Kavitha a donc répondu par mail à cette interview, reflétant sa profonde sensibilité au rôle de femme créative dans une société traditionnelle mais connectée.
Comment es-tu arrivée à ton art? Dès l’enfance, je suis dans l’idée même de «l’art» comme un espace libertaire à investir. Souvent, je doute qu’il en soit ainsi. Souvent, je ressens un besoin de chercher les signes de libération par soi-même et d’appeler cela l’art, simplement. Et c’est un processus constant de rendre chacun conscient de cela. Je le fais en prêtant attention à chaque petit moment de vie. Depuis plus de 30 ans, je pratique comme cela et l’art est naturellement une tendance à la conscience constante.
Tes obstacles, tes difficultés? les préjugés de genre et les fondamentalismes de toutes sortes, qui ne sont pas vraiment des forces extérieures mais intériorisées par la personne. Ils me posent des difficultés et au monde entier aussi.
Est-ce compatible avec ta famille, ta vie personnelle? J’ai une vie de famille paisible. Mais la famille en tant que structure peut constituer une menace pour mon sens de la liberté. Ce que je fais, c’est que j’invente de nouveaux moyens de fonctionner, comme de nouveaux langages créatifs. Ainsi, la famille devient une structure supportable par mon engagement constant.
Comment vous voyez-vous et vos projets en 5 ans? Je suis arrivé à quelques projets d’importance personnelle et historique pour moi et pour le monde dans lequel je vis. Je pourrais donc devenir l’auteur de deux grands livres sur l’art dans les années à venir.
As-tu un message ou une question à d’autres femmes actives et créatives dans le monde? Qu’est-ce qui nous relie dans le monde? Est-ce le corps? Est-ce les souffrances du corps? Je suis également intéressée par la relativité culturelle de cela … Je veux dépasser les limites culturelles de notre compréhension en tant que femmes. Je suis heureuse de garder dans mon coeur le nom de Marelene Dumas ou Amy Cutler, autant que je garde en mémoire une artiste moins connue et confinée à l’échelle régionale, appelée T K Padmini, issue de mon histoire artistique régionale.
ENGLISH INTERVIEW
Kavitha is a poet, peintor, teacher, author and much more! We've never met but understand each other: I discovered her brilliant work in Loafers’corner Cafe, in Koshi India Kerala, with her exhibition by the Jigsawartists collective. Her friend Hilary presented the work to me and answered my interview too. Kavitha answered by email, to my interview, reflecting her deep sensitivity to her role as a creative woman in a traditional but connected society.
Your success, Satisfactions? I can negotiate with ideological apparatus of patriarchy in many subtle ways.
How do you see yourself and your projects in 5 years? I have arrived at a few projects of both personal and historic significance to me and the world in which I live. So I might turn up as an author of two major books on art in the years to come
Would you have a message or a question to other active and creative women around the world? what connects us internationally? Is it the body? is it the sufferings of the body? I am also interested in the cultural relativeness of this….I want to stretch the limits of our cultural understanding as women. I am happy that I can keep a Marelene Dumas or Amy Cutler at heart, as much as I keep a lesser known, regionally confined woman artist called T K Padmini from my regional art history.